Psychothérapies développées par le CEMNIS

Le CEMNIS a pour vocation de s'occuper des troubles réfractaires et chroniques. Certains d'entre eux répondent à des techniques de psychothérapie spécifique que le CEMNIS propose de mettre à disposition au titre de centre de ressource. Le CEMNIS n'a en revanche pas vocation à reproduire ce qui est déjà proposé par d'autres praticiens comme les approches psychanalytiques, les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) ou interpersonnelles (TIP) classiques.

  • La TAICC (se prononce "Tech", Technique d'Analyse Interpersonnelle Cognitive et Comportementale) traduction française de la CBASP (Cognitive Behavioral Analysis System of Psychotherapy) est destinée au traitement de certaines formes de dépressions chroniques.
  • Les i-TCC ou techniques de thérapie cognitivo-comportementales par internet - en développement.

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TAICC (CBASP)

Cognitive Behavioral Analysis System of Psychotherapy Treatment for Chronic Depression

Introduction

La CBASP est une technique de psychothérapie qui a été spécifiquement conçue pour le traitement de certaines dépressions chroniques. Nous avons assez librement traduit la CBASP par TAICC (prononcer "Tech"). L'acronyme CBASP signifie "Cognitive Behavioral Analysis System of Psychotherapy" développée par James Mac Cullough (http://www.cbasp.org/). La traduction par TAICC est l'acronyme de "Technique d'Analyse Interpersonnelle Cognitive et Comportementale".

Histoire

En 1974, James McCullough s'intéresse à ces patients qui se disent chroniquement déprimés parfois depuis leur enfance et qui ont mis en échec tous leurs psychothérapeutes. Plus que les étudier, il les suit et constate qu'en effet moins de 10% d'entre eux entrent en rémission sur une année et que l'essentiel de ce petit monde rechute de toute façon dans l'année qui suit. On peut bien parler de dépression chronique, rebaptisée trouble dépressif persistant avec le DSM5.

Il constate aussi l'écrasante proportion de patients qui rapporte avoir grandi dans un environnement "toxique". Parents, frères et sœurs, grands-parents, tantes, oncles ou cousins ont été la source d'une grande détresse, de blessures, voire de traumatismes. Nombre de patients rapportent un vécu douloureux comme l'absence de prise en compte de leur besoins émotionnels, avoir grandi auprès d'un parent insultant et dénigrant, avoir été maltraités voire avoir été victime de sévices sexuels.

La TAICC se fonde sur une intuition initiale qu'il attribue à un de ses étudiants : il fait l'analogie entre le fonctionnement interpersonnel de ces patients et celui d'un enfant de niveau "pré-opératoire" selon Piaget. Il ne s'agit pas d'une intelligence altérée, seule la composante interpersonnelle dysfonctionne. Les traumatismes interpersonnels précoces ont bloqué le développement émotionnel et comportemental de ces patients à un stade où ils n'ont pas ou plus accès au raisonnement relationnel, au contrôle de leurs émotions ou encore la capacité à développer de l'empathie. Ils se retrouvent en échec permanent lors des situations interpersonnelles, ce qui alimente un sentiment d'impuissance menant au désespoir. Une forme de dépression sur le modèle de "l'impuissance apprise" (learned helplessness).

La TAICC emprunte à un grand nombre de techniques classiques mais aussi à de nombreux travaux de psychologie expérimentale. Chaque modification est validée empiriquement sur cas unique ou au mieux sur un petit nombre de sujets. Ses travaux lui valent de faire partie en 1994 du groupe d'universitaires américains à l'initiative d'une étude confrontant antidépresseur et psychothérapie dans le traitement des dépressions chroniques, financée par le laboratoire BMS. La TAICC est alors choisie car ses deux concurrent directs, mieux validés sur les dépressions aigues : les TCC et les TIP, avaient déjà montré leurs limite dans les dépressions chroniques. Les résultats ont attirés l'attention de tous sur la TAICC grâce à l'article du New England Journal of Medecine paru en 2000 : aussi efficace qu'un antidépresseur et encore plus efficace en association et cela à des taux jamais espérés étant donné le caractère extraordinairement résistant de ces dépressions.

La TAICC a très vite diffusé, en Angleterre, aux Pays-Bas, en Allemagne et en Suisse alémanique. Depuis cette étude initiale, 6 autres études de taille moyenne à importante ont validé sa supériorité et l'intérêt de la coupler avec un traitement antidépresseur.

Malheureusement au jour d'aujourd'hui, elle n'est toujours pas disponible en France. C'est pourquoi le CEMNIS s'attache à la maitriser dans un premier temps, avant de participer à sa diffusion.

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